La ferme du bout du monde

Ce roman est écrit sous forme d’allers-retours entre passé et présent. L’auteur, ancienne journaliste a accompli un vrai travail de documentation, allant voir des personnes âgées, d’anciens fermiers, se faisant raconter leurs vies dans les années 1939-1943.
En 1939 deux petits londoniens sont envoyés en Cornouilles par leurs parents pour échapper à la guerre.
Will et Alice trouvent refuge dans une ferme ou le jeune garçon va se prendre de passion pour le lieu et le métier de fermier.
On avance dans l’histoire et l’on est en 2014 , ou Lucy trompée par son mari , va délaisser son travail d’infirmière. Elle éprouve le besoin de se réfugier dans cette ferme transmise de génération en génération . Elle y retrouve sa grand-mère , Maggie , sa mère et son frère qui vit là , avec sa compagne et leur petite fille.

Entre ces deux dates , une cicatrice , celle de l'été 1943 et deux secrets que cet été révélera au plein jour.
Sarah Vaughan parle du métier harassant de fermier (les vaches, les veaux  nouveaux- nés, le foin, la traite, les déceptions, la météo…), et elle parle surtout , de son amour viscéral pour une région, sauvage,  préservée, que le lecteur ressent essentiellement à travers deux personnages : Will qui découvre la campagne et le bord de mer, la liberté, et Lucy qui redécouvre sa région et qui se rend compte qu'elle vient de là, qu'elle appartient à ce paysage .

On est transporté par ses falaises, l’océan si froid ,  les embruns, mais aussi la végétation sauvage, les odeurs, le foin, l'orge , la paille, la lavande, l'herbe rase battue par les vent. Le soleil , l'orage, le printemps, le vert qui s'étend à perte de vue et puis au détour d'un chemin :  l'océan Atlantique, si bleu, du bout du monde.

L’histoire de 2014 montre bien comme le monde a changé, combien il est toujours difficile aux agriculteurs  d'évoluer vers autre chose, d'autres métiers .
La ferme du bout du monde est tout d'abord le lieu d'un refuge physique face à la guerre et puis, en 2014, un refuge psychologique , l'endroit où perdure les vraies valeurs familiales, la solidarité dans un monde en pleine transformation.
Les secrets ne sont pas bons à garder, ils détruisent et rongent , mais ceux de cette ferme du bout du monde sauront nous captiver.
Le passage d’une époque à l’autre se fait sans  effort dans ce roman et si 50 années séparent le récit de la vie de Maggie de celle de Lucie comme témoin d’une évolution des mœurs facilement constatée, il y  a en point commun les conséquences insidieuses des silences qui traversent les générations.

Coup de cœur public - Bernadette